THE DEAD DAISIES: Make Some Noise (2016)
Qui se souvient de Doug Aldrich? Sans doute quelques hard rockers irréductibles qui n’ont pas laissé la platitude musicale ambiante dévorer leur foi inébranlable envers le Dieu du Rock. Guitariste émérite qui a participé à l’avènement de la gratte hard dans les années 90, il a aussi joué chez les grands (Whitesnake notamment). Guitare hurlante en avant, il nous revient avec quelques potes qui ont aussi traîné leurs bottes avec des grosses pointures (Whitesnake, Thin Lizzy, Ted Nugent) pour former The Dead Daisies. Le groupe délivre un hard rock classique et efficace comme l’illustre leur dernier album. La section rythmique pilonne bien et il faut souligner le professionnalisme du chanteur John Corabi. Bien sûr, certains titres émergent du lot tandis que d’autres sont plus faibles. Alors, autant commencer tout de suite par ces morceaux « faiblards » (que beaucoup de combos rêveraient de composer, il faut bien le dire). « Make Some Noise », qui donne son titre à l’album, semble peu original avec une structure rythmique et des chœurs rappelant le « We Will Rock You » de Queen. Ce morceau se révèle un peu ennuyeux à la longue. « How Does It Feel », un hard rock classique mid tempo, est à placer dans la même catégorie. Le syncopé et lourdingue « Mine All Mine » ne fait pas non plus grande impression et vaut surtout par la démonstration de guitare. Quant à « Join Together », il ne génère pas non plus la grosse éclate. Le tempo médium, les chœurs scandés, les claquements de mains, tout cela passe peut-être bien en concert mais sur disque… bof ! Bon, cela reste tout de même d’un bon niveau et les prouesses instrumentales de Doug font relativement oublier les faiblesses de régime. Mais passons aux choses sérieuses avec « Long Way To Go » qui fait taper du pied avec un rythme endiablé dans le plus pur style hard rock et un solo expert mélangeant tapping et tirés de cordes de haute voltige. Deux hard rocks classiques s’en tirent également avec les honneurs : « Song And A Prayer » (avec un refrain mélodique et un solo musclé) et « All The Same » (qui balance une intro à la « Black Betty » en un peu plus lent, un refrain bien construit et un solo désarmant de simplicité mais aussi d’efficacité). L’hyper speedé « Mainline » possède un refrain qui se retient très bien et le solo de Doug laissera sans doute rêveur de nombreux gratteux. Notons également « We All Fall Down » (un titre au tempo médium avec un refrain d’inspiration plus moderne et un bon solo) et « Freedom » (un hard rock rapide et costaud démontrant toute la dextérité de Doug Aldrich). On termine avec les deux meilleurs morceaux qui risquent de laisser des traces. Tout d’abord, une excellente surprise avec la reprise pêchue et talentueuse de « Fortunate Son » (de John Fogerty) et son solo de six-cordes bien rock qui défonce tout. Bien joué, les mecs ! Ensuite, « Last Time I Saw The Sun » cartonne fort tout en laissant percer une pointe de « Southern rock » dans le tempo et la construction mélodique du morceau. Les voix et les chœurs se situent cependant dans le registre du hard rock, ce qui donne un cocktail original et délicieux. Un solo concis et sans bavure couronne le tout et le final à la slide vaut le détour (car une guitare slide jouée en style hard ne s’entend pas tous les jours… à part le regretté Gary Moore). Et nous voilà avec les oreilles bourdonnantes et le cœur rempli de nostalgie après l’écoute de cette galette incendiaire qui ranime des souvenirs des années 90. Classique mais bon (comme le bourbon) !
Olivier Aubry